Jean Cocteau (1889- 1963) est un célèbre poète, peintre, dessinateur, dramaturge et cinéaste français. Il a été élu à l’académie française en 1955 et compte parmi les artistes qui ont marqué le XXe siècle. Il a côtoyé la plupart des artistes de son époque et en a été le bon génie. Écrivain d’œuvres littéraires et artiste de talent, « Jean Cocteau insista toujours sur le fait qu’il était avant tout un poète et que tout travail est poétique ». [i]
[i] Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Cocteau
Ainsi pour Cocteau, la « poésie est un des moyens les plus insolents de dire la vérité »
« D’après mes écrits, chacun se trompe sur ma personne. D’après mon écriture, le graphologue ne s’y trompe pas. J’en ai la preuve sans cesse. C’est que l’écriture est plus importante que la parole écrite. Et même un texte imprimé montre l’écriture d’un homme qui est encore autre chose que son style. Elle le dénude et le dénonce par l’engrenage des mots, par l’ordre de ses chiffres, par une profonde arabesque de la pensée, par le paraphe ininterrompu de ce que les banques appellent signature inimitable. »3
Cette « signature inimitable », c’est ce que Cocteau nomme les « jambages de l’âme ».[i]
[i] JIH Jon-hyun – 2006 – Le corps écriture – thèse Université lumière Lyon 2 – chapitre 4.3
http://theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/2006/jih_jh#p=18&q=la+graphologie&o=0&a=highlight
- « le 6 et le 7 mars 1949 », in Maalesh, op. cit., pp. 29-30. Souligné par l’auteur.
La graphologie de son « cœur »
Les « jambages de l’âme » représentent pour Cocteau la graphologie de son « cœur ». L’unique fil conducteur de sa vie d’homme aussi bien que celle d’écrivain. Sa ligne morale que Cocteau définit comme « droite », mais en même temps « un peu naïve et inapte à suivre les méandres intellectuels ». 1 Et selon lui, ces « jambages » ne se manifestent que dans les œuvres des « écrivains qui laissent couler leur sang par le bec de leur plume ». 2. [i]
[i] JIH Jon-hyun – 2006 – Le corps écriture – thèse Université lumière Lyon 2 – chapitre 4.3
http://theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/2006/jih_jh#p=18&q=la+graphologie&o=0&a=highlight
- Jean Cocteau par Jean Cocteau : entretiens avec William Fifield, op. cit., pp. 33-34. Souligné par l’auteur.
- Édith Piaf, in Cahiers Jean Cocteau, nouvelle série, n°2, op. cit., p. 213.
Que montre l’écriture
L’écriture révèle la créativité et la puissance réalisatrice, traduit la fantaisie et la force.
Sa gestion de l’espace est complètement original, la mise en scène incroyable, avec un côté enfantin et très sophistiqué. Le but est quand même d’attirer l’attention.
L’esprit est libre, immature, les intérêts multiples. Il est mobile et curieux, imaginatif et génial. La vision du monde est changeante comme celle de son humeur. Il a le gout des rêves et des mystères, un certain égocentrisme.
Il cultive avec soin l’image qu’il veut donner de lui même et il cherche plus l’admiration que l’affection et la sympathie. Il aime se concevoir sur un piédestal, veut du prestige, jalouse ceux qui risquent de l’éclipser. Ces traits sont cachés par un comportement de façade adroit, voir séducteur mais bien présent sous les apparences. Très motivé et polarisé par le succès, sa vie affective s’en voit appauvri et c’est le partenaire qui se sent lésé. Et c’est face à l’échec de ce qui remet en cause sa glorieuse image de lui même qu’on peut assister à des effondrements, à son désarroi face à ce que son adaptation avait de superficielle.
Le tempérament est nerveux mais aussi un peu lymphatique. Il est anticonformiste et il sort des normes. Il a le sens de l’effort, il est tenace et sait aller au bout de ses idées.
L’écriture est vivante.
Jean Cocteau transgresse les limites entre l’écriture et le dessin
« Le dessin de Cocteau est tracé à la plume, il continue l’écriture. Le jambage du « je » achève le dessin. Ainsi part des profondeurs inconscientes, qui ne connaissent pas de limites, un flot d’énergie embrassant tout un monde enchanteur dont le poète, seul, sait ouvrir et refermer la porte »[i]
[i] Ania Teillard – 1983 – L’âme de l’écriture – Éditions traditionnelles Paris V – p 227