Au 19e siècle, des médecins, psychologues, psychanalystes ont cherché à établir un lien, une relation entre l’écriture et les tempéraments d’Hippocrate (460-377 av. J.-C.), la caractérologie, la psychologie des profondeurs, la psychanalyse.
Ici, nous allons aborder la relation entre l’écriture et les tempéraments d’Hippocrate. Les quatre tempéraments de base donnent lieu à une classification fondée sur des critères de constitution ainsi qu’à des prédispositions physiques et caractérielles. Cette classification donne lieu à des tempéraments de base, présent chez tout le monde et hiérarchisés selon la dominante. Seulement un ou deux tempéraments dominent chez un individu.
C’est quoi le tempérament ?
Selon le dictionnaire Larousse, le tempérament est la disposition générale de l’humeur et de la sensibilité d’un sujet dans sa relation avec lui-même et le milieu extérieure. C’est aussi un ensemble de traits psychologiques définissant une réelle aptitude (comme par exemple, « avoir un tempérament d’artiste » ou un ensemble de disposition de nature comme, un tempérament romantique mais aussi les qualités de quelqu’un qui a de l’entrain, du dynamisme : avoir du tempérament).
Les quatre tempéraments d’Hippocrate
Hippocrate avait établi une théorie permettant un classement selon la prédominance des quatre humeurs. Ces humeurs sont toutes présentes chez l’homme mais la distribution n’est pas la même. Elle donne lieu à quatre tempéraments : le Bilieux, le Sanguin, le Nerveux et le Lymphatique.
Suivant la prédominance dans le sang de l’une des quatre humeurs qui le compose, on distingue :
- Le Bilieux pour sa prédominance de bile verte
- Le Nerveux pour sa prédominance de bile noire (ou atrabile)
- Le Sanguin pour sa prédominance de sang
- Le lymphatique pour sa prédominance de pituite (ou phlegme)
Si longtemps cette théorie des humeurs a servi d’explication aux maladies, et si ces définitions ont perdu leur signification profonde[1] elle reste actuellement la base de la caractérologie (étude des caractères, soit les manières d’être, de sentir et de réagir d’un individu ou d’un groupe). On doit cependant différencier tempérament de caractère, lequel devient un ensemble d’habitudes qui s’ajoutent au tempérament sous l’effet de l’éducation et des influences du milieu ambiant.[2]
La typologie d’Hippocrate du Docteur Carton (1856-1948)
Le Dr Carton a repris et développé dans ses livres la théorie des humeurs et constate que les quatre tempéraments sont présents chez tous les individus mais pas toujours inégalement développés. « Le tempérament est la tendance mentale, innée ou acquise, à faire dominer en soi un ou plusieurs des quatre instincts fondamentaux de la vie humaine, et consécutivement à faire se développer davantage l’appareil anatomique correspondant et ses particularités physiologiques. »[3]
Les quatre tempéraments désignent des individus contrastés et reconnaissables à leur comportement :
- Le Bilieux, tempérament moteur et réalisateur dont l’énergie physique, l’ardeur, est dominé par le besoin de conquérir, d’entreprendre. Il a le goût pour la décision mais aussi le sens du devoir, de l’éthique.
- Le Sanguin, tempérament épanoui, dont l’instinct vital pousse à respirer, à se développer, a parler fort, aux colères bruyantes. Il a le goût de la vie, de la sociabilité, du paraître. Il est sensoriel et pratique, confiant, parfois naïf.
- Le Nerveux, tempérament sensible, hyperémotif, de constitution peu vigoureuse, anxieux mais une activité mentale incessante, un esprit critique et perspicace, curieux, une compréhension , et rapide.
- Le Lymphatique, tempérament passif, au caractère placide, nonchalant, à l’instinct de conservation. Il est passif, patient, précis, diplomate, dans l’esthétique et possède une grande mémoire.
« Un homme, pour être complétement évolué et intégralement instruit, doit avoir mené une expérience de la vie sur les quatre plans de la nature. »[3]
Le Sphinx, représentation symbolique des quatre tempéraments
La constitution quaternaire de l’homme est basée sur les quatre éléments formateurs.
Dans sa représentation symbolique, le Sphinx possède :
- Une tête d’homme – symbolisant l’esprit matériel, le lieu de la pensée, et du savoir terrestre,
- Des ailes d’aigle – symbolisant la force vitale,
- Des flancs de taureau – symbolisant la matière corporelle, la sensualité,
- Des pâtes de lion – symbolisant la vigueur active et unificatrice, qui met en actes l’instinct et la volonté.
D’où les préceptes de la Sagesse :
- « savoir » avec l’intelligence du cerveau humain,
- « s’élever » avec la puissance audacieuse de l’aigle,
- « se taire » avec la force concentrée et massive du taureau,
- « vouloir » avec la vigueur du lion.
Cette allégorie enseigne à l’homme comment se construire lui-même, en équilibrant et en hiérarchisant les quatre fonctions naturelles de la vie.
Comment se cultiver ?
- Avec la compréhension réfléchie du Nerveux,
- Avec la puissance vitale du Sanguin,
- Avec le sang-froid du Lymphatique,
- L’énergie volontaire du Bilieux
Les tempéraments et la graphologie
Les caractéristiques de l’écriture
Le Nerveux : inégalités en tous genres, appui léger, rythme haché, rapide, souple ou saccadé, script, forme souvent très petite, étrécie, prolongée.
Le Sanguin : Dilatation de l’écriture, enroulements, exagérations, grandes majuscules, ordonnance fastueuse, mouvement ample, signature ornée.
Le Lymphatique : Appui régulier, léger, pâteux, rythme calme, posé, lent, monotone, statique, forme conventionnelle, guirlande lourde, molle ou filiforme.
Le Bilieux : intensité et fermeté dans l’appui, mouvement rapide, lignes tenues, formes anguleuses, des rebours, des gestes cruciaux, massuées, lancées.
A quelle définition cela correspond ?[3]
« Le Nerveux s’agite, cherche, combine, excite,
Le Sanguin imagine, découvre, émeut, s’emporte,
Le Lymphatique stationne, compare, ajuste, contemple,
Le Bileux entreprend, décide, entraîne, explore. »
En conclusion
Le corps humain est une construction quaternaire, c’est à dire que tout individu participe aux quatre tempéraments d’Hippocrate. Tout individu est apte à réfléchir, à respirer, à se mouvoir et à se nourrir. Certaines personnes sont plus énergiques (Bilieux) que d’autres (Lymphatique), ou plus sensibles (Nerveux) alors que d’autres débordent de vitalité (Sanguin). Ces aptitudes sont présentes chez tout le monde mais plus ou moins développées. [4]
Le graphologue, par le biais des tempéraments (rarement à l’état pur) permet de mieux comprendre la personnalité du scripteur , de mieux la « décrypter ».
1. Alain BUQUET, Graphologue de personnalité et d’identification, Expansion Scientifique Publications, Paris,1998.
2. Augusto Vels, Dictionnaire de graphologie, Grancher/Masson, Paris, 1993.
3. Paul CARTON, Diagnostic et conduite des tempéraments, 2e éd., Le François, 1961.
4. Suzanne Schmitt, Graphologie et expertise en écriture, L’Harmattan, 2018.